Riyadh – MEET THE “FRENCH” DOCTORS, la parole aux médecins francophones : Dr. Sabrine Fessi, chirurgien dentiste.
- SANTÉ - BIEN-ÊTRE
- La rédaction
- 11 avril 2023
- 15 minutes read
Depuis combien de temps en Arabie saoudite et Riyadh ?
En fait je fais partie de cette génération qui a grandi ici en famille.
Je suis donc à Riyadh depuis l’âge de 2 ans !
D’où venez-vous ?
Je suis Tunisienne.
Quel est votre métier/spécialité ? En quoi consiste-t-il ? Quels sont vos domaines d’expertise ou de prédilection ?
Je suis spécialiste en chirurgie parodontale et implantologie. C’est une spécialité de chirurgie dentaire. Mon travail englobe tous les soins de gencive (allant du détartrage simple ou plus complexe selon le diagnostic du patient aux greffes de sinus et pose d’implants). C’est une spécialité très particulière et variée, qui exige d’être minutieuse : on va par exemple faire des greffes de gencives où on travaille avec des instruments de microchirurgie et des loupes sur de petites zones souvent difficiles d’accès, dans d’autres cas je pratiquerai une greffe osseuse (régénération osseuse guidée) où je poserai par la suite 4 implants simultanément.
C’est aussi une spécialité qui vise à traiter le patient dans sa globalité, et à prendre en compte ses facteurs de risque et les adresser (par exemple pour un patient fumeur essayer de l’accompagner vers un sevrage tabagique, ou pour un patient diabétique l’accompagner pour un meilleur contrôle de son taux de glycémie).
Contrairement aux idées reçues, l’exercice de mon travail n’est pas de soigner une carie, mais va bien au-delà de ça : je contrôle les facteurs de risque qui rentrent en jeu et je vise à améliorer la santé du patient.
Ce qu’il faut savoir en parodontologie c’est que le « parodonte » c’est le support des dents, c’est la BASE.
Et malheureusement cet aspect pourtant essentiel en médecine dentaire est encore trop souvent négligé, largement par les patients (par méconnaissance, et on ne peut pas leur en vouloir), mais aussi par d’autres facteurs : beaucoup de soins sont encore réalisés ponctuellement en réponse à une demande d’un patient sans regarder ni se soucier de l’état de sa gencive.
Le manque de prévention/sensibilisation du grand public est également un facteur de méconnaissance.
J’ai d’ailleurs l’habitude de poser cette question à mes patients “si vous aviez un saignement ou une infection sur une partie visible de votre corps, est-ce que vous la laisseriez ou vous y iriez consulter un médecin ? ” ce à quoi ils me répondent “ah non on irait consulter immédiatement”. Ma réponse « alors, pourquoi ne pas le faire lorsqu’il s’agit des dents ou de la gencive ? »
En quelles langues consultez-vous ?
Je consulte en français, anglais et arabe. Un des avantages de l’expatriation c’est de parler plusieurs langues 🙂
À partir de quel âge avez-vous eu envie de prendre cette voie et pour quelle raison ?
Aussi loin que je me souvienne j’ai voulu être docteur. Au départ je voulais être chirurgien maxillo-facial, et puis après avoir fait un stage intensif dans le plus grand centre maxillo-facial ici à Riyadh j’ai été confronté à des cas traumatiques (grands accidentés de la route notamment) et je n’étais pas armée pour y faire face. Mais je voulais quand même faire de la chirurgie, et après avoir fait 3 stages à Milan auprès d’un des plus renommés parodontistes je me suis passionnée pour cette spécialité !
Où avez-vous étudié ?
À l’issue de mon bac français, j’ai décidé de rester à Riyadh et de suivre un cursus américain dans une université privée. Après mon internat, je suis allée à Paris VII Diderot dans l’un des plus prestigieux programmes de formation en chirurgie qui a duré 3 ans et demi et pendant lesquelles j’ai fait le postgraduate européen en parodontologie et dentisterie implantaire.
Pourquoi avoir choisi Riyadh pour exercer ?
C’était d’abord un choix familial, j’y ai rejoint mon conjoint après plusieurs années de distance.
Mais d’un point de vue professionnel, il s’avère que c’était un choix pertinent d’exercer ici, car mon domaine est encore relativement récent, et il y a tout à faire en termes de sensibilisation aux gingivites/parodontites et d’implémentation d’une activité exclusive au sein d’un cabinet ou d’une clinique.
Dans le cadre de la collaboration avec les autres confrères j’apporte un plan de traitement global au patient ce qui n’est pas une pratique courante ici !
Quels sont les challenges/difficultés/facilités pour exercer le métier de médecin à Riyadh ?
Ce qui a été le plus long c’est de faire reconnaitre mes diplômes français ici, je suis la première à avoir suivi ce cursus et être revenue en Arabie donc cela m’a pris presque 6 mois pour le faire. Ce qui est également compliqué c’est d’expliquer à des patients l’importance de l’hygiène orale et des soins parodontaux.
Je vois par exemple souvent de jeunes patient(e)s qui viennent avec des facettes sur les dents antérieures alors qu’ils ont encore des dents à extraire. Je regrette que pour bon nombre de patients l’esthétique prime sur le reste.
Et je me bats contre ces stéréotypes en prenant le temps d’expliquer. Ce n’est souvent qu’après plusieurs séances pédagogiques où j’obtiens du patient ce qui est le mieux pour lui en termes de santé et de bonnes pratiques. Le résultat final est toujours très gratifiant.
Est-ce plus simple ou plus compliqué qu’en France ou en Tunisie ?
Je pense que ce doit être assez similaire, que ce soit en France ou en Tunisie avec les challenges et facilités propres à chaque pays. Mais surtout je pense que le manque de sensibilisation à l’hygiène bucco-dentaire, et aux soins médicaux en général apporte un challenge supplémentaire ici et nécessite plus de temps, mais on y arrive à la fin !
Dans votre spécialité, rencontrez-vous des pathologies plus spécifiques / plus courantes en Arabie saoudite ?
Globalement, l’Arabie saoudite présente un taux plus élevé que les normes mondiales dans quasiment toutes les pathologies, car la population locale a un mode de vie très sédentaire, consomme beaucoup trop de “junk food”, de boissons sucrées, de sucre en général, et ce dès le plus jeune âge.
Donc oui j’observe une plus grande prévalence de certaines pathologies ici.
Quels sont les éléments les plus motivants de votre métier ?
Améliorer la vie quotidienne de mes patients qui souvent viennent me voir en souffrance, démoralisés, traumatisés parfois (certains n’arrivent plus à manger, ont perdu beaucoup de dents, sont gênés au quotidien, n’ont plus confiance en eux). Leur faire retrouver le sourire au sens propre comme au sens figuré est ce qu’il y a de plus gratifiant et motivant.
Avec le recul, que referiez-vous différemment ?
Franchement, rien. Je suis très heureuse dans mon métier et de la qualité des formations reçues, que ce soit ici ou en France. Sinon si je devais choisir un autre domaine, j’aurais été avocate.
Vos deux bonnes adresses restaurants à Riyadh ?
Il y a actuellement à Riyadh beaucoup de nouveaux restaurants qui ouvrent un peu partout.
J’ai une préférence pour “Il Baretto” un italien « branché « et moderne et pour une expérience plus Frenchy “LPM” toujours au top !
Vos deux bonnes adresses sorties/activités à Riyadh ou en Arabie saoudite ?
Une activité classique et intemporelle ici reste quand même une bonne sortie désert, mais il y a désormais une offre de divertissement qui explose grâce à Riyadh Season : concerts, expo, attractions diverses, le choix est large pour petits et grands !
LE MOT DE LA FIN
Au risque de paraître un peu « main stream », je dirai « mieux vaut prévenir que guérir ! », car ça n’a jamais été plus vrai qu’en médecine dentaire.
On ne se réveille pas du jour au lendemain avec une dent pourrie à extraire. C’est sur plusieurs mois, voire années que cela se fait. Est-ce que soigner une petite carie n’est pas moins couteux, moins invasif et moins long que de devoir faire un traitement endodontique ou extraire une dent et la remplacer par un implant ?
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